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CHEMIN DES DISPARUS

Argentine

 

Lieux de mémoire explorés : Anciens camps de concentration de la dernière dictature argentine

2011

 

Diffusée par l'Université Tres Febrero de Buenos Aires, dans d'anciens camps de concentration en Argentine.

 

Intentions de créations

14 novembre 2011, Buenos Aires

 

Tout au long de mon séjour en Argentine, je ferai quelques actions et écrirai mes observations. Je compte aller dans de nombreux lieux de disparition afin d'intégrer à l'architecture de ces lieux, des éléments faisant référence aux disparus de la dictature. À partir d'aujourd'hui, par ces actions, ces installations, je tenterai de créer une sorte de « Chemin des disparus » dans plusieurs villes de l'Argentine. Mon trajet dans le pays sera donc orienté en considération avec les lieux de mémoire, les lieux de disparition.

 

 

11 novembre 2011, Buenos Aires

 

Comment puis-je faire une œuvre sur l’identité Argentine lorsque je suis Canadienne, mmm… pardon, Québécoise. Il est possible d’aborder la mémoire d’un lieu, l’identité des personnes qui habitent ce lieu en tant qu’observateur, en tant que personne qui voit et qui vit dans ce lieu, avec ces gens. Malgré que jusqu’à ce jour, mon voyage se présente en étant directement dans le quotidien des gens, je ne parle pas bien leur langue, je ne comprends pas tout, je ne vais pas au travail avec eux le matin, je n’arrive pas à manger aux mêmes heures qu’eux, à boire leur maté, à manger des empanadas et à vivre dans un béton aussi armé.

 

Dans le cadre de mon séjour en Argentine, je souhaite m’imprégner de leur culture, de vivre cette culture, de la sentir. J’espère connaître une partie de leur histoire. J’aimerais comprendre leurs peurs, leurs joies, leur solidarité, leur sécurité et leur insécurité, leur sentiment de manque dû à la disparition.

 

J’ai su que durant la dictature, il y a 28 ans, un grand nombre d’hommes et de femmes sont disparus, policier, jardiniers, maîtres d’hôtel et soldats, tous dans la liste des disparus, des « on ne sait pas où ils sont rendus ». Ces disparus soulèvent mon attention. Je ne suis pas la seule à m'y attarder, leurs mères sont, tous les jeudis à 15 h, à la Plaza de Mayo de Buenos Aires pour rendre hommage à leurs enfants disparus.

 

Pour le moment, je crois que mes actions en Argentine seront en lien avec ces disparus. Où sont-ils? S’ils sont morts, ce qui ne semble pas être certain selon les madres de la Plaza de Mayo, mais s’ils le sont, où sont leurs corps? Où sont leurs cendres? S’ils sont vivants, où sont-ils? Le seul indice que nous avons est le lieu de leur disparition. Ces endroits ressemblent étrangement à des camps de concentration, ils étaient situés à presque tous les coins de rue de Buenos Aires et dans toutes les villes de l'Argentine. Ces lieux sont répertoriés ainsi que les gens qui y sont disparus. D’impressionnants livres sont imprimés à ce sujet. Maintenant, je les ai!

 

 

1re intervention 

21 novembre 2011

 

Lieu d'intervention: Ville de Rosario (Santa Fe) Argentine — Ex centre de détention, de torture et de disparition de personnes

Nombre de disparus répertoriés dans le livre « Las madres de la Plaza de Mayo : 16

Population : 908 000 personnes

Plusieurs centres de détention dans la ville, celui-ci était le plus important.

 

En tout, 16 photographies ont été installées derrière les barrières d’une fenêtre du Centre populaire de la mémoire, l’ex centre clandestin de détention, de torture et de disparition de personnes. Dans le répertoire de « las madres de la Plaza de Mayo », il n’y avait que 16 noms de disparus à Rosario. Toutefois, il est certain qu’il y en eut plus. 16 noms, 16 personnes, frères ou sœurs, enfants et même parents de quelqu’un, probablement toujours en vie. 16 personnes de disparues dans une ville de 908 000 de population. Intervention numéro 1 de ce « Chemin des disparus ».

21 novembre 2011, 18 h, Rosario
Hier, toute la journée, j’ai marché dans Rosario à la recherche de lieux de disparition. Plusieurs adresses figurent dans mon répertoire. L’intersection Francía et Pelligrini semble plutôt passante. Toutefois, un des coins me semblait intéressant à exploiter. Il s’agit de l’endroit où Mariano Alejandro Ramón Martinez s’est fait enlever par la sécurité argentine le 27 janvier 1977. Inspirant comme endroit, mais sans plus (je fais référence ici à l’espace même et non à son histoire). Je me suis également rendue au Santiago 2815 où, de son domicile, Emilio Etuluino Vega s’est fait enlever. Ce lieu, tout particulièrement résidentiel et passablement noir m’a donné des frissons. Une cabane blanche dans un quartier pauvre avec une porte et des fenêtres avec des barrières, comme toutes les autres portes et fenêtres de l’Argentine, mais là, tout me semblait triste, tragique. Surtout quand je pense à l’histoire qui s’est passée dans cette maison. Toutefois, je ne me sens pas assez en sécurité dans ce lieu pour y faire une intervention, certainement pour y marcher, mais pas pour y rester des heures. Triste, puisque le lieu est très inspirant. Je suis donc retournée bredouille après avoir marché 6h au soleil tapant. À mon retour à pied vers l’auberge, j’ai vu un énorme bâtiment magnifique. J’ai donc fait le tour. Il ressemblait un peu à la nouvelle partie du Musée national des beaux-arts du Québec. Tout est bien propre, avec classe. Belle architecture sur 3 côtés. Rendue au quatrième côté, graffitis, déchets et fenêtres cassées se superposent. Ça ressemble à un squat. Je vois un grand écriteau sur lequel il est écrit « Centro popular de la mémoria, ex centro clandestino de detención tortura y desaparición de personas ». Je savais qu’il y avait eu « peu » de centre de détention à Rosario et dans mon répertoire, bon nombre de personnes étaient disparues sur cette rue, elle s’appelle la calle Moreno.

Aujourd’hui, j’ai donc trouvé la méthode d’intervention, fait imprimer les visages des disparus et suis retournée à ce centre. Sur les lieux, je me prépare, j’installe 3 images et un homme s’approche de moi et propose de m’aider, il dit être proactif dans le mouvement des droits humains en Argentine et qu’il serait ravi participer à cette action. Il insiste. Cette collaboration fut géniale.


 

 

2e Intervention 
25 novembre 2011, Buenos Aires

 

Lieu d'intervention: Ville de Buenos Aires (Buenos Aires) Argentine — Cimetière Chacarita = Cimetière le plus populaire de Buenos Aires
Nombre de disparus répertoriés dans le livre « Las madres de la Plaza de Mayo : 81
Population : 5 000 000 personnes


Mode d'intervention
Selon mes lectures et mes discussions avec les Argentins, les disparus n'auraient jamais eu de moment X dans un cimetière. Ils ne sont pas morts, ils ne sont pas vivants, ils sont disparus. Un moment important pour le deuil de la (disparition/mort) d'une personne est la cérémonie funéraire. J'ai donc, pour un après-midi, déposé au centre du cimetière Chacarita, 81 fleurs. Accroché à chacune d'elles, le nom des disparus de mon répertoire. 1 fleur, 1 nom. Il ne sont peut-être pas morts, mais il faut faire le deuil. Ce non-deuil, ce manque, cette perte font partie de l'identité argentine.   

 

3e intervention
28 novembre 2011, La Plata

 

Capitale de la province de Buenos Aires (La Plata) Ville où, encore en 2006, Julio Lopez, un important revendicateur des droits humains est disparu, il y a encore des manifestations afin que le gouvernement le retrouve.

Où il y a eu plus de 90 disparus de répertoriés durant la dictature


Dimensions : similaire à Québec
Lieu de l'intervention : Face à la Cathédrale et le Parlement, 2 institutions qui travaillaient main dans la main durant la dictature (selon les dires des gens de la Plata)

 

Mode d'intervention
À La Plata, la Cathédrale et la Mairie/Parlement sont face à face. Entre les 2 il y a 4 fontaines. Dans l’une d’elles, j’ai plongé un tissu blanc, sur lequel étaient inscrits les noms de tous les disparus que j’ai dans mon répertoire. Journée chaude, la place est pleine. Difficile d’être discrète. Malgré tout, je plonge ce grand tissu dans l’eau. Plusieurs me questionnent et sont ravis de mon intervention. Plus le temps passe, plus les noms disparaissent. Plusieurs semblent vouloir que ces noms disparaissent de la mémoire – l’ancien gouvernement. D’autres souhaiteraient que ces noms reviennent resurgissent de l’Histoire – nouveau gouvernement et toute la population. Sur le sol, face aux fontaines, le visage de Julio Lopez, un important revendicateur des droits humains, disparu en 2006, peint tellement grand que nous ne pouvons pas discerner les traits. Ce lieu a été et est toujours l’espace par excellence pour les manifestations des droits humains. 

30 novembre 2011
Mar del Plata, (Province de Buenos Aires)

 

Hier, lorsque je cherchais incroyablement comment faire pour trouver le bus qui me transporterait de La Plata à Mar del Plata (4h de route), j’ai rencontrer une vieille dame qui disait prendre le même bus. Question de continuer mes recherches, je lui demande si elle connaissait des madres de la Plaza de Mayo. Elle me répond alors «  Je suis une madre de la Plaza de Mayo ». Elle m’invita donc à une rencontre des mères des disparus qui avait lieu ce matin. Heureuse de cette coïncidence, j’acceptai avec joie.

Ce matin à 9 h 45, je me rendis au lieu de rencontre, le bureau de poste de Mar del Plata. La dame m’attendait dehors. Je réalise alors que le lieu de rencontre était le tribunal municipal qui est face au bureau de poste. Intrigant. Je constate que la rencontre de las madres est, ce matin, l’écoute d’une ex-disparue. Elle présente ce qui s’est passé durant son emprisonnement à la Base navale de Mar del Plata, ensuite à la ESMA de Buenos Aires et par la suite un retour à la Base navale. En tout, 1h15 de présentation face à deux responsables du génocide. Lorsque ces deux hommes sont entrés dans la salle d’audience, le poil s’est levé de mes bras et mon cœur s’est serré. La dame qui m’a invitée m’a pris la main en disant « attention ». J’étais heureuse d’être assise. Ce fut très émouvant comme moment. Las madres pleuraient, la dame qui faisait son « discours » freiné par quelques questions d’avocats, semblait terriblement forte. Elle était d’un calme incroyable. Elle expliquait la violence qu’elle a vue et vécue, les meurtres d’enfants… C’était d’une tristesse effrayante. Comment est-ce possible? Boltanski disait lors d’une conférence à Buenos Aires, « nous avons tous une partie de monstre à l’intérieur de nous ». Toutefois, là, le monstrueux était à glacer le sang. 

 


 

Préambule à l'intervention 4
14 décembre 2011

 

Il y a déjà 2 semaines que je n’ai écrit sur ce blogue. Je n’ai pas arrêté pour autant de faire mes interventions. Les rencontres que j’ai faites à Mar del Plata fût difficiles à digérer et écrire m’étais impossible.

— Face à face avec 2 responsables de la dictature
— Écoute de 2 h d’un discours très détaillé d’une ex-détenue en camps de concentration face aux responsables de la dictature
— Pleurs de mères et de l’ex-détenue
— Discussion heure après heure avec les mères de la Place de Mai
— Visite de camps de concentration
— Rencontres avec des militaires
— Arrêt immédiat par un militaire lorsque je débute une intervention au camp de concentration principal de Mar del Plata
— Grippe et puces de sable…


Tous ces éléments font en sorte qu’un cœur humain normalement constitué est blessé. 

 

 

 

4e intervention
3 décembre 2011, Mar del Plata

Mar del Plata, province de Buenos Aires

Dimensions : 625 000 habitants

Lieu de l'intervention : Face et en dehors de la Base navale militaire, ex-centre de détention et de torture de Mar del Plata, sur la plage


Comment est-ce possible que les responsables de ces horreurs soient toujours dans leur maison avec leur famille et leur confort. Ils ne sont pas libres, mais presque. L’intervention à Mar del Plata a donc porté, non pas sur les disparus en tant que tels, mais bien sur les responsables en « liberté ».
 


Mode d'intervention

En dehors de la Base navale, ancien camp de concentration et de torture de Mar del Plata, sur la plage, j’ai incrusté dans le sable une grande photographie incluant les visages des 12 principaux responsables de la dictature à Mar del Plata. Par le vent de la mer, le sable couvrait peu à peu l’image. Ces hommes barbares en liberté sont une cause de l’insécurité des Argentins. La plupart sinon tous les Argentins aimeraient voir ces hommes disparaître. Ce n’est pas le cas. Dans son déplacement, le sable finissait toujours par découvrir quelques visages des responsables. « No puedemos olvidar, no debemos olvidar » « nous ne pouvons pas oublier, nous ne devons pas oublier », une devise compréhensible, mais combien douloureuse lorsqu’il s’agit de penser au futur. Une devise très encrée dans l’identité argentine et avec laquelle le futur reste une grande partie du passé. J’aurais aimé que le sable mange l’image, comme j’aimerai mettre un baume sur les souffrances de ces humains.
 

 

5e intervention

8 décembre 2011, Mendoza

Mendoza Capitale, Province de Mendoza

Dimensions : 110 000 habitants

Lieu de l'intervention : Lieu de disparition de plusieurs personnes, possiblement ancien camp de concentration 

 

Toujours à me remettre de mes émotions de Mar del Plata,  je tente de trouver de l’information sur les disparus de Mendoza. Difficile, les lieux de mémoire sont presque tous en dehors de la ville où les transports en commun ne se rendent pas. Je trouve un lieu de disparition. Le nombre de disparus est aussi très flou. Une personne proche des mères de la Place de Mai me dit qu’il y a eu 250 disparus et une autre 2000. Toute cette confusion me rend perplexe. Comment choisir le lieu, quels disparus, quel nombre… je suis embrouillée.

 

Mode d'intervention


Dernière journée à Mendoza, je me rends au lieu de disparition que j’ai trouvée sur la carte le jour de mon arrivée. 3 X 2 litres d’eau à la main, il faisait chaud. Arrivée sur les lieux, je vois une grande place bétonnée à l’architecture d’hôpital aux fenêtres obstruées par du béton armé où il n’y avait que l’espace exact pour y passer l’embout d’une carabine. Toutes les fenêtres étaient ainsi cachées. Sur la place, je dépose autant de flaques d’eau que je peux sur le sol bétonné. Chaque flaque étant représentative d’un disparu. Plus je créais de flaques, plus les précédentes s’évaporaient. À cause de cette disparition, une vue d’ensemble de tous les cercles d’eau fut impossible. Les 6 litres d’eau fussent dispersés sur le sol. Le nombre de flaques était aussi flou que le nombre de disparus. 

 

 

6e intervention

13 décembre 2011, Córdoba

Córdoba Capitale, Province de Córdoba

Dimensions : 1100 000 habitants

Lieu de l'intervention : Face à la cathédrale et le plus gros ex-camp de concentration et de torture de la province de Córdoba, à la Plaza St-Martin*

* St-Martin est l'homme qui a renversé la 1re dictature en Argentine

 

Plus le temps passe, tout au long de mes rencontres avec les mères de la Place de Mai et des enfants des disparus, je réalise combien l’Église a aidé la dictature dans ses horreurs et sa torture. Je suis à Córdoba, la Capitale de la province de Córdoba où, selon les dires, le diocèse est très important pour le pays. Je me rends sur les lieux du plus grand camp de concentration de la province, toujours selon les dires des citoyens. Avant d’arriver, j’entends les cloches d’une église. Sur la rue Independancia, en face de la Place St-Martin, le camp de concentration D2 est très beau, restauré et réaménagé. La distance qui sépare ce camp à la grande cathédrale de la province se calcule en pas, soit 7 pas exactement. La distinction du territoire est invisible, seulement une ruelle piétonne maintenant devenue touristique les sépare.


Cette proximité entre l’horreur de la torture et la cathédrale devient très évidente et particulièrement troublante. Les deux hiérarchies, deux autorités suprêmes argentines, sont ici côte à côte, main dans la main pour la destruction des droits humains. C’est pour moi la création d’une institution de disparition, de peur, de violence qui a détruit une identité.
 
Depuis 30 ans, cette identité fragile se reconstruit peu à peu sur des bases de violente de peur, de pauvreté et de disparition. Quelles bases fragiles.

 

Mode d'intervention
Ici, il est possible d’acheter des objets de l’Église. Je suis donc allée dans une de ces petites boutiques ecclésiastiques afin d’y acheter un encenseur béni. Sur une feuille blanche, j’ai inscrit le nom des tous les disparus répertoriés par le musée de la mémoire de Córdoba. Un à un, je les ai séparés. Face à la cathédrale et à l’ex-camp de concentration et de torture, dans la Place St-Martin, j’ai brûlé, un après l’autre, le nom des disparus dans l’encenseur béni. À la fin, il ne restait qu’un petit tas de cendres.  

 

 

7e intervention
19 décembre 2011, Tucumán

Tucumán, Province de Salta

Dimensions : 1 330 000 habitants

Lieu de l'intervention : Dans la cour de l'un des premiers camps de concentration de l'Argentine

Tucuman, ville où la première dictature fût arrêtée et lieu où la deuxième dictature a débuté (premier camp de concentration durant la 2e dictature)

 

Dès le début de mes investigations en Argentine, à chaque fois que je discute avec une mère de la Place de Mai ou un enfant de disparu ou même avec les anciens disparus retrouvés, une chose est très frappante ; ce drame se vit de deux manières, collective et solitaire. 40 000 000 personnes affectées directement ou indirectement ont vécu la dictature et ont cette notion de torture et de la disparition comme point marquant de leur identité. Ils l’ont vécu au point de vue social et individuel. Le projet que j’ai décidé de faire à Tucuman est un hymne à la solitude. Vécue avec force et dignité en tenant le poing bien haut dans les airs, comme plusieurs mères de la Place de Mai et/ou avec crainte et peur cachée dans le fond de leur garde-robe ou d’un camp de concentration, je crois qu’une ou l’autre de ces manières de vivre ces tortures est humaines et justifiables. Les actions militantes sociales se transformaient régulièrement en peur incroyable individuelle.

Matériaux : barre de métal et chaudière trouvées dans les rues de Tucuman.

À l’extérieur de l’un des 1ers camps de concentration de la dictature (le 1er étant toujours occupé par les militaires et est inaccessible), j’ai disposé une barre de métal courbée à la verticale sur laquelle une chaudière de plastique bien écrasée fût déposée. Cette forme suggère un corps prêt à tout affronter ce qui peut arriver. Le dos courbé vers l’arrière et la tête haute où l’on peut imaginer le foulard des mères de la Place de Mai. Après toutes ces rencontres et la vue de ces bouts de tissus sur leurs têtes, cette référence est pour moi très évidente. De l’autre côté, nous pouvons imaginer un être courbé vers l’avant, tête base et soumis où une taie d’oreiller est placée comme un condamné à la pendaison. Cette forme disposée dans l’espace de la cour du camp de concentration semble seule au milieu de nulle part, au milieu de graffitis indiquant « aqui se asasinó juicio y castigo ». 

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